Ca ne marchera plus...





Commentaires

  1. Hiver 2018, fort Eblé, Bermont (90), sous un soleil radieux néanmoins incapable de réchauffer un vent glacial, que Delphine a bravé pour récolter quelques trésors.
    Les lieux sont à l'abandon depuis longtemps, peu accessibles, ce qui leur confère un aspect vénérable et mystérieux, à la façon des ruines cachées par la jungle.
    Parcourant les chemins et souterrains du vieux fort, l'artiste en a tiré des clichés lumineux, dévoilant quelques uns des secrets protégés par ses remparts.
    Elle nous propose cette mécanique rouillée, exposée aux éléments autant qu'à la lumière, comme un symbole de la lente et inéluctable progression des ravages du temps sur les constructions les plus solides.
    Est-ce à dire que la destruction peut être source de beauté?
    Blindage de porte pendant lamentablement au dessus d'une des entrées des salles souterraines, ce rideau, cet engrenage et sa crémaillère présentent l'aspect caractéristique de la machinerie irréparable. Son inutilité flagrante aurait suffi à la faire démonter.
    Elle a été abandonnée, en l'état, sans soin ni considération. N'était son importance, la nature lui aurait déjà tissé un linceul. Le lierre qui grimpe à l'assaut du mur serait aussi bien à sa place le long d'un caveau dans un cimetière. La rouille, la végétation envahissante sont aussi les témoins du temps qui passe. L'horloge figée, cassée, coincée, en est le symbole central.
    Ça ne marchera plus. Constat clinique du destin d'un édifice dont personne ne s'est vraiment soucié. L'image nous offre une vision de ce que fut sa rutilance et sa force.
    Teintée de l'amertume des âges apportée par la lumière presque cruelle, cette photographie raconte la malédiction du temps et du silence.
    Elle donne aussi un avertissement sur la préservation et le soin de ce que l'on construit pour durer.
    La mélancolie peut être belle mais elle reste la conséquence de la perte.
    Au coeur du sujet,trois couleurs s'opposent : le minéral, le végétal et le mécanique.
    Les fondations, le cycle du vivant et les rouages subtils. Le tout est rehaussé par la présence d'un noir de ténèbres autour duquel s'harmonise le cadrage.
    Celui-ci guide l'oeil efficacement au travers de ce triptyque, vers l'engrenage/ cadrant.
    Image d'un passé figé, d'une histoire arrêtée, par ce tableau, Delphine nous donne à voir la triste beauté du temps qui passe.
    Un message peut s'y être glissé : prends soin de ce qui compte.
    Interprétée ou juste contemplative, cette photographie parvient encore une fois à faire naître l'émotion, à susciter la réflexion.
    En toute objectivité...


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